Les loups diversifient la nature

Feuilleton proposé par le Groupe Loup - Bretagne : Episode 10/12

Loup en Roumanie – Emmanuel Berthier

C’est un des paradoxes de l’écologie : en pratiquant une sélection sur leurs proies, les prédateurs favorisent l’évolution des espèces prédatées et le maintien en bon état sanitaire de toute la pyramide alimentaire dont ils occupent le sommet. Leur présence constitue par elle-même un enrichissement pour tous les écosystèmes dont ils dépendent.

En tant que superprédateur, le loup participe à la diversification et à la robustesse des écosystèmes (Photo anonyme. Loup dans les Abruzzes Italie)

Du point de vue de la diversité biologique et génétique, il peut sembler paradoxal d’affirmer que le retour d’une espèce comme le loup est un enrichissement pour la faune autochtone, alors que cette même faune lui fournit bien souvent ses proies. C’est pourtant le cas. Le rapport entre proie et prédateur ne se limite pas, du point de vue des proies, à une simple soustraction. En tant que prédateurs, en plus de contribuer à favoriser leur bon état sanitaire, les loups opèrent sur les espèces vivant autour d’eux une sélection qui les influence profondément. On peut dire que l’élégance et la vivacité des chevreuils ou des autres cervidés doivent beaucoup à la sélection opérée par les grands carnivores en général et par les loups en particulier. Et il en est de même de la robustesse, de la puissance et de la prolificité des sangliers, qui sont des réponses parfaitement adaptées à la pression de sélection de leurs prédateurs. Du fait de leur statut de super-prédateurs placés au sommet de la chaîne alimentaire, les loups augmentent la biodiversité à tous les niveaux de l’écosystème (herbivores, végétaux, oiseaux, insectes…) puisque tous sont interdépendants. Ils occupent un étage essentiel de ces écosystèmes dont la résilience dépend précisément de cet enrichissement, comme cela a pu être documenté depuis la réintroduction de loups effectuée dans le parc de Yellowstone aux États-Unis (Ripple, W.J. & Beschta, R.L. (2012). Même si l’environnement des grands parcs américains ne saurait être comparé à celui que nous connaissons en Europe occidentale, il n’en demeure pas moins que, dans un cas comme dans l’autre, c’est un service indirect mais irremplaçable car hautement sélectif qui est fourni à la nature par la présence des loups.

Prochaine épisode (11) : Le loup aide à penser

Références bibliographiques :

Ripple, W.J. & Beschta, R.L. (2012) Trophic cascades in Yellowstone: The first 15 years after wolf reintroduction. Biological Conservation, 145: 205-213.

Cet article peut être librement reproduit, partiellement ou en totalité et pour des usages non commerciaux, à la condition de n’être ni modifié ni adapté et d’être cité sous la référence de la publication d’origine : Jean, A.,GLB., (2024). Les effets bénéfiques de la présence des loups. Groupe Loup Bretagne, publié 3e trimestre 2024, 27 p. https://loup.bzh/ © 2024 Les auteurs, Alain JEAN, Groupe Loup Bretagne.

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