Le loup est depuis toujours un symbole emblématique qui ne laisse personne indifférent. Les sentiments contrastés qu’il suscite et les conflits dont il est l’objet en font un sujet de choix pour amener les publics les plus divers à réfléchir à la place qu’un animal sauvage peut occuper auprès des humains. Au-delà des polémiques qu’il suscite, le loup se révèle être un formidable support pour une éducation à l’environnement.

La part prise par le loup dans l’éducation à l’environnement est un de ces aspects immatériels souvent oubliés, mais que l’on redécouvre aujourd’hui. Le loup est un animal qui parle à l’imaginaire de chacun de multiples façons et qui suscite des sentiments particulièrement contrastés. Ce peut être un sentiment de rejet, surtout alimenté par le conflit existant au sein du monde de l’élevage. Mais c’est aussi de l’admiration, sentiment largement partagé dans la société, notamment la plus urbaine, pour un animal qui représente la quintessence de ce que la nature peut produire de plus authentiquement sauvage, dans un monde où la place de l’humain et l’artificialisation ne cessent de progresser.

Deux conceptions, légitimes l’une et l’autre, s’affrontent et c’est un enjeu sociétal très symbolique que de tenter de trouver des solutions à ce conflit. Cela passe par de multiples initiatives d’éducation à l’environnement qui permettent de présenter au grand public la complexité des enjeux. Il s’agit de le familiariser à la fois avec les réalités de la biologie de l’espèce, ses relations avec son écosystème, mais aussi avec les possibilités d’une cohabitation avec l’homme la moins dommageable possible.

C’est ainsi qu’on voit se créer des parcs à thèmes centrés sur le loup avec présentation d’animaux en semi-liberté, des refuges ou des centres de soin pour des loups qui ne pourraient plus être relâchés dans leur milieu naturel. Des conférences sur le loup sont aussi régulièrement organisées par des associations environnementales pour répondre à une forte attente du public ou pour participer à des cursus d’enseignement général ou agricole.

Chacun d’ailleurs était persuadé de l’existence de cette proximité, en ces temps anciens où la réalité se mêlait si intimement au fantastique que les animaux semblaient partager nos sentiments et nos émotions.

L’apport du loup à notre culture, à notre imaginaire, à notre humanité est d’une richesse incommensurable (Rao, R., 2023). Et cet apport a pris un nouvel essor à mesure que le loup revenait sur les terres desquelles il avait été pourchassé et qu’on retrouvait une mémoire qui n’avait jamais complètement disparu. Il n’est que de voir l’abondance de la production actuelle, tant artistique que littéraire, ou même journalistique, où le loup imaginaire est convoqué. Et jusque dans la littérature jeunesse qui perdrait beaucoup sans ce magnifique modèle qui sert à projeter toute la palette de nos émotions, de nos peurs à notre plus secrète admiration. Le cadeau d’exister que nous font les loups, loups réels ou de fiction, est un cadeau qui doit être mis à leur crédit, là encore, et ce n’est pas le moindre des bénéfices qu’ils apportent à notre humanité contemporaine en mal d’ancrage et de besoin de nature.