Les fabuleuses aventures du loup Loargann
Loargann, le 1er janvier 2025 au bord de la Laïta (photo Ph. Gazeau).
Notre dernière publication décrivant l’extraordinaire parcours du loup Loargann posait déjà la question dans son titre : « Le loup de la Laïta déjà photographié dans le Finistère. Loargann, des monts d’Arrée à la Laïta… et ensuite ? ». Deux mois plus tard, grâce à son nouvel outil de photo-identification qui permet de pointer certaines étapes du parcours individuel de chaque loup, le GLB est en mesure d’y apporter quelques réponses.

Loargann. La dernière fois que nous avons évoqué le parcours de ce loup, c’était en janvier 2025 après qu’il eut laissé derrière lui les Monts d’Arrée pour mettre cap au sud jusqu’à franchir à la nage la Laïta, le fleuve côtier qui se jette dans l’Atlantique, marquant la limite entre le Finistère et le Morbihan. Loargann allait-il continuer sa route vers le sud-est ou même quitter la Bretagne ? À la fin de l’article nous posions la question : « Où se trouve-t-il à l’heure où s’écrivent ces lignes ? Aucune image, aucune observation étayée n’est encore venue nous en dire plus sur son parcours plus récent. Dans quelle direction ses pas le conduiront-ils ? L’avenir nous le dira peut-être… en images ».
Avec les photographies exceptionnelles prises le 1er janvier 2025 par Philippe Gazeau au bord de la Laïta, le cheminement de ce loup le long de l’estran, ses poses en majesté sur la vasière et son ascension de la rive morbihannaise escarpée avant qu’il ne disparaisse dans la forêt, nous disposions désormais d’images de qualité permettant de préciser les moindres détails de son portrait.
Il restait à présent à être vigilants et à scruter toutes les photos de loups qui nous parviendraient, de Bretagne ou d’ailleurs, pour ne pas manquer le retour de Loargann, s’il devait réapparaître.
Du Finistère au Morbihan
Rappelons brièvement son parcours qui nous a permis d’affiner peu à peu son phénotype et de connaître certaines de ses habitudes.
Loargann a été identifié pour la première fois sur une lande des monts d’Arrée le 16 novembre 2024 par une série de trois photos prises par un piège photographique un soir de pleine lune, ce qui lui a valu son nom en breton, confirmé s’il en était besoin par la petite tache lunaire ronde et blanche sur fond sombre qu’il arbore sur chaque joue.
Un examen attentif de notre base de données a montré qu’il avait déjà été photographié le 19 août en début de soirée, dans un bois voisin. Il était alors d’apparence plus mince car en pelage d’été, mais suffisamment reconnaissable.
Le 28 novembre, puis le 1er décembre, il était à nouveau photo-identifié en plein jour dans le même secteur (Le-Cloître-Saint-Thégonnec). Puis le 22 décembre, c’est encore lui qui apparaissait dans la lumière du matin au détour d’un rocher, dans un superbe paysage de lande, documenté par une vidéo et trois photos dont l’une a illustré le titre de notre précédent article. Enfin, la magnifique séquence du 1er janvier sur la Laïta.

Qu’a-t-il fait depuis ?
C’est en reclassant les images à mesure qu’elles nous parvenaient que nous avons pu établir une chronologie des déplacements de Loargann.
Reçue début mars, une étonnante série de trois photos prises le 7 janvier au matin dans ce même bois poudré de givre que Loargann avait déjà fréquenté le 28 novembre ne montrait… apparemment rien. Mais en y regardant de plus près, à demi caché entre deux arbres, une silhouette fantomatique de canidé d’un incroyable mimétisme se révélait être celle d’un loup ! Un examen plus poussé de chacune des deux images à la recherche des dix critères d’identification donnait une première réponse : 5 critères sur 10 correspondaient parfaitement au portrait de Loargann… Une identification effectuée avec un degré de certitude de 3/5, et qui excluait tous les autres loups déjà répertoriés.
Cela signifiait que notre loup, juste après sa traversée de la Laïta, était revenu sur ses pas pour rejoindre les Monts d’Arrée sans se faire remarquer durant son trajet. Il avait effectué ce périple de retour en traversant la Bretagne du sud au nord sur plus de 100 km en moins d’une semaine !

Légende : un canidé déclenche un piège photographique le 7 janvier 2025. Monts d’Arrée (Bretagne Vivante – loup.bzh).
Retour aux sources
Suivait alors une série de trois photos nocturnes prises le 12 janvier à peu de distance : aucun doute, Loargann était bien revenu dans ce même territoire qu’il avait quitté deux semaines plus tôt.


Depuis, nous avons une nouvelle fois pu confirmer sa présence localement grâce à une autre séquence nocturne enregistrée au soir du 23 janvier. La vidéo montrait Loargann (certitude de haut niveau 4/5) d’abord face à la caméra puis franchissant d’un bond un ruisseau, toujours dans ce secteur qu’il semble affectionner.
Pour Loargann, l’aventure bretonne s’est donc poursuivie et après une brève incursion morbihannaise, c’est dans le Finistère qu’il a désormais retrouvé ses marques… jusqu’aux prochains épisodes. Grâce aux captures d’images nous espérons pouvoir continuer à documenter son parcours ainsi que celui des six autres loups que nous avons réussi à identifier depuis le 3 mai 2022.
C’est ici l’occasion de remercier tous ceux qui, par le signalement de leurs observations et leurs envois d’images au site www.loup.bzh, contribuent à ce projet de science participative pour l’identification des individus, qui nous permet d’enrichir collectivement la connaissance sur le retour des loups en Bretagne.
Mis en ligne le 12 mars 2025.