Les effets bénéfiques de la présence des loups

Feuilleton en 12 épisodes proposé par le Groupe Loup - Bretagne

Clan familial de loups – Image de Waitandshoot

Et si le retour des loups rendait des services à la société ? Et si l’on nous démontrait que leur présence avait déjà sauvé des vies humaines ou encore participé à protéger des élevages ou à stimuler de l’activité économique et même à créer des emplois ?… Difficile à croire tant l’image du loup qui s’impose le plus souvent est celle d’un redoutable carnivore dont l’apparition suscite avant tout la crainte. De quoi même se demander pour quelle obscure raison il est aujourd’hui toujours protégé. Et pourtant, on aurait tort de se contenter d’un jugement qui vaut condamnation sans avoir examiné les aspects positifs du retour du loup. C’est que les arguments ne manquent pas et les loups méritent bien qu’on leur consacre un plaidoyer rappelant ce que les études scientifiques récentes ont permis de mettre en évidence.

C’est ce plaidoyer que nous vous proposons sous la forme d’un feuilleton de 12 épisodes à découvrir sur le site du Groupe Loup – Bretagne.

 

 

Pour répondre au procès à charge qui est trop souvent fait aux loups, il est temps de commencer à parler des effets bénéfiques de leur présence parmi nous (Photo : Pat-s pictures)

Après un rappel des accusations ressassées sans vérification par l’accusation, nous aborderons en premier lieu le rôle protecteur des loups en matière de sécurité routière et nous verrons ensuite comment ils contribuent indirectement à protéger les troupeaux de moutons même s’ils sont aussi parfois source de difficultés pour les éleveurs. « Auxiliaires de santé », les loups sont en première ligne au service de la lutte contre certaines maladies du bétail. Leur action contre la tuberculose bovine sera mise à l’honneur. Les loups amis de la ruralité ? Nous verrons comment ils sont capables d’aider les agriculteurs à protéger leurs cultures et de faire par la même occasion économiser aux chasseurs des millions d’euros. Les sylviculteurs ne seront pas oubliés : nous expliquerons pourquoi les loups sont, à leur manière, des acteurs de la régénération des jeunes plants qui donneront les arbres des forêts de demain. Nous évoquerons aussi les multiples bénéfices que les loups peuvent apporter à l’économie locale : c’est ainsi que nous verrons ce que le tourisme ou même certains secteurs industriels ont à gagner de leur présence.

La nature bénéficie toujours de l’existence des loups et nous insisterons sur leur apport irremplaçable à la biodiversité. Leur retour a stimulé un regain d’intérêt pour l’espèce dans le monde de la recherche et nous découvrirons comment les connaissances scientifiques ont progressé avec les publications et les coopérations internationales qui se sont multipliées. Enfin nous rappellerons combien l’existence des loups est essentielle dans notre rapport à l’imaginaire, à la construction des mythes qui fondent notre humanité. Des liens puissants se sont créés entre nos deux espèces, qui nous invitent à rechercher les voies d’une cohabitation avec le monde sauvage.

Dans le procès fait au loup, place à la plaidoirie, « la parole est à la défense ! » (D’après Honoré Daumier, Le Défenseur. Collage GLB)

Coupable, forcément coupable ? Premier épisode du plaidoyer pour le loup.

Lorsqu’il est question des loups dans les médias, c’est encore trop souvent pour s’effrayer du retour du « prédateur », comme on a pris l’habitude de voir étiquetés, en employant le singulier, tous les représentants de cette espèce. Les articles se font volontiers l’écho de l’effroi que leur présence dans les campagnes est censée susciter et met en avant toutes les déprédations qu’ils ont pu commettre aux dépens des troupeaux. Présenté ainsi, « le loup » serait assurément l’ennemi du genre humain.

Dans le procès fait aux loups en France, on s’est habitué à entendre les récits évoquant les brebis dévorées, les « surplus killing », ces carnages où parfois les loups tuent plus que de raison (Landry, J.M., 2018.), autant de réalités qui font d’eux des coupables à priori indéfendables.

Du côté de la défense, les arguments puisent plutôt dans le registre moral : on ne devrait pas s’acharner sur une espèce protégée au moment où la faune sauvage et l’environnement sont si mal en point. On cherche aussi fort justement à relativiser l’impact des déprédations, dont les chiffres restent objectivement modestes en regard de la mortalité naturelle observée en élevage ovin. Mais le traumatisme des éleveurs ayant subi des attaques, parfois répétées, traumatisme réel malgré les compensations financières, constitue un argument de poids, surtout s’il est relayé par des réponses politiques populistes (Fortoul, M. et al 2023). Nourrie par l’ignorance et des siècles de récits terrifiants, la réputation peu enviable qui les précède tourne vite à la condamnation de tous les loups passés, présents et à venir, sans circonstances atténuantes. Il se trouve qu’aujourd’hui, pour les politiques et l’administration, l’action des loups se résume trop souvent à une question de « dommages » et le dossier n’est généralement instruit qu’à charge. L’équation est alors désespérément simpliste : dommages, victimes, compensations, élimination…

En réalité, on progresserait beaucoup si l’on se décidait à considérer les conséquences de la présence des loups sous tous ses aspects, et pas seulement sous l’angle des préjudices… Car depuis quelques années, des études sont venues documenter un certain nombre de services rendus par les loups à la société. Il a même parfois été possible d’en établir des bilans chiffrés et d’en mesurer les conséquences économiques. Si les déprédations occasionnées à certains troupeaux encore insuffisamment protégés sont effectivement responsables d’un réel impact négatif directement mesurable, il existe par ailleurs bien des impacts positifs dus à la présence des loups. Ces effets positifs sont incontestables, même s’ils se manifestent souvent de manière indirecte et en toute discrétion.

Dans ce procès permanent où les loups font systématiquement figure de coupables, et afin de dresser un bilan plus objectif de leur retour, il est temps de prendre en compte l’ensemble des impacts écologiques, mais aussi économiques, sociétaux et culturels de leur présence à nos côtés. Le bilan à charge porté par l’accusation étant depuis longtemps connu et chiffré, ce sont maintenant les aspects positifs qu’il convient de présenter.
Place à la plaidoirie : « la parole est à la défense ».

Prochaine épisode : Les loups sauvent des vies

 

Références bibliographiques :

Fortoul, M. & Gelber, A. (2023). Toujours plus de loups… le déséquilibre s’accentue. Dossier prédation. Chambre d’Agriculture PACA. L’espace alpin (9 juin 2023)

Landry, J.-M., (2018). Effet de surplus killing : illustration et analyse. IPRA Institut pour la promotion et la recherche sur les animaux de protection.