Et si vous rencontriez un loup…

Loup en captivité – Philippe Defernez

Et si vous rencontriez un loup…

L’automne 2021 a montré très nettement que le loup s’approche (voir l’article consacré à cette progression).

Et nombreux sont ceux qui se réjouissent de la perspective de le croiser un jour, tout en sachant que cela n’est donné qu’à de rares personnes. D’autres s’en inquiètent, car l’espèce n’est pas débarrassée de préjugés, de craintes héritées des contes et des traditions anciennes qui génèrent encore des représentations chargées de mythe. Alors anticiper le retour du loup, c’est aussi nous préparer individuellement et collectivement à aborder au mieux une circonstance telle qu’une rencontre concrète.

Bien entendu, ce sera plus souvent un chien. Du moins il conviendra toujours de garder à l’esprit que l’erreur dans l’identification est possible et même fréquente. À ce sujet, il convient de se référer à page « loup ou chien ». Mais qui sait ? Un jour ou l’autre…

Au début de février 2022, le site de l’OFB publie un article qui présente un rapport centré sur les enjeux liés à l’interprétation des rencontres entre hommes et loups en France de 1993 à 2020 intitulé « Des loups qui s’habituent à l’Homme ? ». L’objectif de cette étude est d’éclairer les questions nouvelles que pose le développement de la population lupine. Le loup s’habitue-t-il à la présence humaine ? Des loups deviennent-ils plus audacieux ?

On y trouvera mention d’un bon nombre d’observations visuelles de loups, des réflexions sur l’ensemble des conditions de ces observations et de leur relation par les observateurs. Pourtant, on l’a dit, la probabilité de rencontrer un loup est extrêmement faible, même dans les régions où il est bien installé. L’étude montre que les loups ne développent pas une tendance à devenir plus audacieux vis-à-vis de l’homme comme l’exprime nettement la citation suivante :

« Le loup ne présente pas un comportement d’habituation en France et il n’est pas plus agressif ni plus audacieux au fil des années. »

Le loup ne présente pas un comportement d’habituation en France et il n’est pas plus agressif ni plus audacieux au fil des années.
OFB

L’analyse de ces situations produit un éclairage poussé sur les perceptions de l’animal et de son comportement. On y décèlera une influence des données personnelles des observateurs dans l’interprétation des comportements observés.

Dans sa conclusion, ce rapport pointe aussi l’intérêt d’une préparation des consciences de nos concitoyens à adopter un comportement réfléchi et approprié lors l’une observation visuelle d’un loup, dans les cas exceptionnels de rencontre.

Dans ce sens, la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement d’Auvergne Rhône-Alpes, DREAL, chargée de la mise en œuvre du plan national, avait publié un mémo à l’attention des maires. Ce document donnait aux édiles une série d’indications quant à la conduite à tenir vis-à-vis de leurs administrés dans les zones géographiques concernées par la présence du loup et de ce fait, valables ou destinés à le devenir dans l’ensemble du pays. Ladite liste comprenait les conseils de comportements suivants à recommander.

 

Dans la majorité des cas, le loup observe puis s’éloigne.
• Rester calme.
• Ne jamais tenter de le nourrir.
Bien que discret et furtif, le loup peut faire preuve de curiosité à l’égard de l’homme. Il est normal que l’animal prenne le temps de vous observer avant de passer son chemin.

Dans quelques cas, le loup observe et ne s’éloigne pas.
• S’éloigner de l’animal calmement sans courir.
• Reculer lentement et maintenir le contact visuel.
• Ne pas lui tourner le dos.
• Se tenir droit et se faire paraître plus grand.
• Laisser au loup un moyen de s’échapper.
• Tenir son chien en laisse.
• Ne pas tenter d’approcher l’animal ni de le nourrir.

Dans le cas extrêmement rare où un loup s’approche ou agit de manière agressive :
• Continuer à reculer.
• Crier pour le faire fuir.
• Gesticuler ou lui jeter des objets.

Le comportement du loup vis-à-vis de l’homme est donc normalement empreint d’une grande timidité.

Ailleurs en Europe

Dans les pays voisins d’Europe, on assiste aussi au retour du loup. Et dans ces pays, les autorités adressent à la population les mêmes conseils. Dans certains cas, les associations communiquent également ces conseils.

Il est toujours réaffirmé que le loup ne représente pas un danger pour l’homme. Dans le cas rare d’une rencontre, il convient de ne pas générer par une attitude inappropriée un comportement inhabituel du loup. Le loup est un animal sauvage. Il doit le rester. Et cela doit inciter à bannir toute attitude et tout acte qui aurait pour conséquence d’abolir la méfiance que l’humain inspire au loup.

Pourtant, on voit ici ou là les plus enthousiastes rechercher activement le moment où ils croiseront la piste du loup.

Aux Pays-Bas, par exemple, le retour du grand canidé s’opère depuis quelques années et une meute s’est constituée dans un secteur central dénommé Veluwe où elle s’est déjà reproduite à deux reprises. C’est une zone très protégée où la déambulation des promeneurs et la circulation des cyclistes est autorisée sur des pistes et des chemins bien balisés. Mais en dehors de ces voies l’accès n’est pas autorisé. Et vite dans les premiers temps, nombreux furent ceux qui se précipitèrent sur les chemins du Veluwe, dans les bois et les landes, dans l’espoir de croiser le regard du loup. Les autorités ont dû multiplier les invitations à la retenue, et même déployer une surveillance du public, annoncer la verbalisation des contrevenants.

Répétons-le : toute tentative d’approche, tout nourrissage et toute violence envers le loup sont à proscrire.

On retrouvera les mêmes conseils sur le site de l’Office Français de la Biodiversité dédié à l’espèce.

Toute tentative d’approche, tout nourrissage et toute violence envers le loup sont à proscrire