Progression du loup vers le nord-ouest de la France en 2021

Infographie loup.bzh

En France, le loup retrouve peu à peu ses territoires. Après son retour au début des années 90 par l’extrême sud-est du pays, sa population progresse vers les régions du nord et de l’ouest en dépit des difficultés qu’elle rencontre.

L’Office Français de la Biodiversité, en charge du suivi de la population lupine française classe les indices de présence en trois catégories : indices retenus, indices invérifiables et indices rejetés. Le bilan du suivi hivernal 2020/2021 de cette population explique cette catégorisation.

Ce même bilan aboutit à une estimation de la population de 624 individus. Cependant la marge d’incertitude reste large : de 414 à 834. On note aussi un taux de progression annuelle de 8 % en baisse (9 % l’année précédente) en lien avec une diminution du taux de survie des animaux. Cette population se répartit en 125 zones de présence permanente dont 106 constituées en meutes. La totalité de ces zones de présence permanente se situe très majoritairement dans le quart sud-est du pays avec quelques implantations dans le grand-Est et les Pyrénées.

A ces zones de présence permanente, s’ajoutent les individus que l’on qualifie de disperseurs. Il s’agit de loups le plus souvent jeunes. Ils se sont trouvés en surnombre par rapport aux ressources que leur groupe familial (la meute) peut trouver sur son territoire. Ils ont donc quitté cette famille et se sont lancés dans l’aventure de la recherche d’un espace favorable et d’une compagne ou d’un compagnon avec lequel (ou laquelle) ils fonderont leur propre meute. Ce sont ces disperseurs qui sont susceptibles d’atteindre des régions fort éloignées de leur territoire d’origine et ce sont eux qui se trouvent détectés lors des observations rapportées cette année dans nos régions.

Si l’on remonte le temps de seulement quelques années, on obtient le graphique suivant qui montre la progression du nombre des observations validées.

 

En 2021, ce sont treize observations que l’OFB a validées dans un large quart nord-ouest du pays (soit vingt-six départements compris entre Seine et Dordogne), une quatorzième étant jugée très probable (voir la carte ci-dessous). Notons que cette emprise géographique nous intéresse ici pour la raison qu’elle constitue un vaste espace compris entre la Seine et le bassin aquitain, distinct donc des reliefs des massifs montagneux de l’est et du sud de l’hexagone.

 

La liste qui suit est celle des communes sur le territoire desquelles des indices de présence ont été relevés au cours de l’année 2021. Chaque nom de commune est un lien qui permet de prendre connaissance d’un article de presse qui a relaté l’observation considérée. A noter qu’aucune de ces observations n’a mis en évidence plus d’un individu à la fois.

 

Février : Saint-Martial-le-Mont (Creuse)

17 mars : Lathus-Saint-Rémi (Vienne) – cadavre

14 mai : Jard-Sur-Mer (Vendée)

14 août : Mesnil-En-Ouche (Eure)

15 octobre : Saint-Brévin-Les-Pins (Loire Atlantique) – cadavre

11 novembre : Blaru (Yvelines)

19 novembre : Sully (Calvados)

26 novembre : Cinq-Mars-La-Pile (Indre-Et-Loire)

28 novembre : Marçay (Vienne)

01 décembre : Champagnac-La-Rivière (Haute-Vienne)

02 décembre : Ladignac-Le-Long (Haute-Vienne)

04 décembre : Saint-Ybard (Corrèze)

06 décembre : Ruffec (Indre)

10 décembre : Le-Mas-d’Artige (Creuse) probable

 

Une remarque en guise de conclusion, on emploie souvent l’expression « front de recolonisation ». Cependant, là le vocabulaire renvoie nettement à l’image d’une ligne qui se trouverait en périphérie d’une zone géographique dans laquelle l’espèce est déjà bien implantée. Mais cette recolonisation ne se fait pas simplement à la marge des espaces régulièrement fréquentés. Un disperseur peut bien sûr se contenter de s’installer au beau milieu de paysages déjà bien peuplés pour peu qu’il y trouve un interstice suffisamment vaste pour s’y établir en sécurité. Mais dans d’autres cas, les distances parcourues peuvent atteindre, des dizaines, des centaines, voire plus de 1500 kilomètres comme le mentionne l’OFB sur son site dédié au loup. Le « front » est donc largement diffus et de nouvelles observations sont donc à attendre pour 2022.