Quand on parle du loup, il y a du flou !

Quand la fascination pour le loup empêche le traitement objectif de l'information par la presse

Geoffroy de Pennart

Du flou dans la presse

Le 28 février 2024, Ouest-France publie un article intitulé « Le cadavre d’un loup criblé de plombs et fauché par une voiture retrouvé dans le Morbihan ». Et le lendemain, un autre article revient sur les faits et les envisage sous un angle bien différent. Son titre : « Loup retrouvé mort dans le Morbihan : les précautions du parquet de Lorient ».

Le second article publié par Ouest-France s’appuie sur un communiqué de presse du Parquet de Lorient, communiqué pour le moment non disponible en ligne.

De son côté, le Télégramme de Brest aborde le sujet le 29 en titrant « Une enquête ouverte pour déterminer si le cadavre d’un loup a été découvert à Langonnet ».

Alors est-ce bien un loup ? Ou est-ce un chien ? Il faudra attendre la publication des résultats des analyses pour en avoir le cœur net. L’animal a-t-il été victime d’un tir avant de succomber à la suite d’une collision routière ? Ou bien n’est-il mort que de cette dernière circonstance ? Et la découverte du cadavre s’est-elle produite sur la commune de Langonnet ou sur celle de Gourin ? En moins de quarante-huit heures voilà qu’émerge un événement dont la presse s’empare pour accomplir sa mission d’information. Mais que de flou dans la relation des faits !

D’où vient tout ce flou ? Que doit-on en penser ?

Le 28 au matin, un post de la page Facebook d’une organisation qui se qualifie d’Observatoire du loup, semble en être à l’origine. Accompagné d’une photo d’illustration, il situe la découverte sur la commune de Gourin et installe illico le supposé braconnage de l’animal dans le discours.

Il est assez habituel que l’information concernant le loup, sa présence ici ou là, ou les effectifs de sa population, tractent un cortège de fausses informations nées d’à-peu-près et reprises sans précaution, amplifiées et/ou déformées. On a beau le répéter, les faits contrôlables sont les seuls qui puissent générer des décisions politico-administratives judicieuses. Dans la presse certains pourraient faire profil bas en l’occurrence. Mais il y a plus grave dans l’histoire avec ce post sur Facebook : ni le lieu de la découverte, ni l’identification avancée de l’animal, ni le prétendu braconnage affirmés ne sont confirmés par l’enquête.

Alors reste-t-il un loup (ou plusieurs) en Bretagne ?

Sautant sur la situation, une question revient sans perdre un instant : celle du nombre de loup(s) présent(s) dans nos départements. Dans son article du 29 février 2024, le Télégramme de Brest prête à François de Beaulieu qui est membre du Groupe Loup l’affirmation de la présence avérée de deux loups entre les Côtes d’Armor et les mots d’Arrée. Pourtant pas plus aujourd’hui qu’hier des éléments corroborant cette affirmation n’ont été enregistrés. On peut se poser la question et examiner les lieux et dates des observations visuelles, des constats de prédation sur animaux domestiques ayant donné lieu à la sanction « loup non exclu » et en retirer l’impression que peut-être… Mais il n’y a là encore aucun fait probant.

Une chose en revanche est certaine : une prochaine observation serait bienvenue qui mettrait en évidence la persistance de l’espèce en Bretagne. On se doit aussi de ne pas oublier que d’autres loups en dispersion devraient tôt ou tard trouver le chemin de nos paysages. A nos pièges photos donc !