Retour du Loup en Côtes d’Armor

Une automobiliste et son fils filment un canidé à Ploubezre (22)

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Le samedi 7 janvier, une automobiliste et son fils filment un canidé à Ploubezre (22), près de Lannion. Ils pensent aussitôt à un Loup et envoient la vidéo à l’Office Français de la Biodiversité (22) qui valide l’identification. La préfecture des Côtes-d’Armor officialise la présence de l’espèce quelques jours plus tard. Dès le 20 janvier, le préfet prend également un arrêté et classe le département en « cercle 3 » permettant aux éleveurs et éleveuses d’ovins et de caprins de bénéficier de certaines aides pour la protection des troupeaux. Nous revenons sur les questions posées suite à cette observation.

Quelques questions qui nous ont régulièrement été posées

L’espèce qui n’avait pas été vue depuis 1906 en Côtes d’Armor, sa présence aujourd’hui est-elle une surprise ?
Comme en attestent les actions du Groupe Loup Bretagne, le retour de l’espèce n’est pas une surprise pour nous d’autant plus que l’espèce a déjà été observée dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine récemment.

Est-ce le même loup que celui de Goven (35) ou celui de Berrien (29) ?
Il n’est pas possible de répondre avec certitude à cette question puisqu’aucune analyse génétique n’a été faite pour l’instant. Toutefois, Ploubezre se situe à une cinquantaine de kilomètres de Berrien ce qui représente une faible distance pour une espèce qui peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres en une nuit. Il y a 170 km de Goven à Ploubezre où l’observation date du 8 novembre. Découvrez la carte de répartition des données validées de Loup gris en Bretagne

Combien de loups sont présents en Bretagne ?
La réponse à ces questions diffère sensiblement selon les interlocuteurs. Et il convient de débrouiller un peu la situation de qui s’interroge. De fait, il y a trois approches possibles.
Dans la première approche on se limite à considérer les faits et seulement les faits. Nous parlons bien ici de faits bien établis, dûment constatés et contrôlés. Selon cette approche on ne peut faire état que d’un seul individu, toutes les observations placées sur un axe chronologique étant compatibles avec les déplacements d’un seul individu.
La seconde approche est plus interprétative. Elle permet de considérer que l’observation opérée en Ille-et-Vilaine, distante d’environ 150 km du centre névralgique de la présence lupine dans les monts d’Arrée, suivie d’un retour d’observations dans ce même secteur interroge quand même si l’on envisage un seul individu. Cette observation laisserait donc supposer la présence en novembre d’un deuxième loup dans la région.
Quant à la troisième approche, elle consisterait à voir un nouveau loup dans toute nouvelle observation.
Il apparait très nettement que seule la première de ces approches est propre à motiver des décisions administratives et/ou politiques. La seconde peut être utile à la réflexion et peut aider à orienter nos actions de prospection et de suivi. Quant à la troisième, elle ne peut de toute évidence qu’alimenter les infox.

Les mesures administratives
Comme pour les Côtes-d’Armor, le Préfet du Finistère que nous avons rencontré le 14 décembre 2022 avait aussi officialisé l’entrée en vigueur du Plan National d’Actions 2018 – 2023 sur le Loup et les Activités d’Elevage plaçant l’ensemble du département en « cercle 3 » et 27 communes en « cercle 2 » (Berrien, Bolazec, Botmeur, Botsorhel, Brasparts, Brennilis, Le Cloître-Saint-Thégonnec, Commana, Le Faou, La Feuillée, Guerlesquin, Hanvec, Huelgoat, Lannéanou, Lopérec, Loqueffret, Pleyben, Plougonven, Plounéour-Ménez, Plouyé, Poullaouen, Saint-Eloy, Saint-Rivoal, Saint-Ségal, Scrignac, Sizun et Pont-de-Buis-lès-Quimerch).

Le plan Loup, qu’est-ce donc ?
Les plans nationaux d’actions (PNA) sont des outils stratégiques opérationnels qui visent à assurer la conservation ou le rétablissement dans un état de conservation favorable d’espèces de faune et de flore sauvages menacées ou faisant l’objet d’un intérêt particulier. Ils s’articulent autour de trois axes : la connaissance, la conservation et la sensibilisation (source : site INPN) .
Le plan Loup a pour objectif d’élaborer une nouvelle méthode de gestion de l’espèce, fondée sur une meilleure connaissance de l’espèce et de ses modes de vies, pour mieux la protéger et permettre également la protection des troupeaux et des éleveurs (source : site gouvernemental de l’agriculture). Le plan loup doit être révisé dans l’année puisque l’actuel couvrait la période de 2018 à 2023.

Cercle 3, cercle 2 ?
Le Plan national d’action Loup prévoit 4 niveaux de zonage (4 « cercles ») permettant une gradation dans l’accompagnement des éleveurs et éleveuses pour la protection des troupeaux d’ovins et de caprins.
– Le cercle 3 correspond à une zone possible d’expansion, visant à anticiper l’arrivée éventuelle de l’espèce par l’aide à la mise en place de chiens de protection (formation, acquisition, entretien).
– Le cercle 2 correspond à une zone de prédation probable et aide à la mise en place d’au moins une des deux mesures de protection (chiens de protection et/ou achat et mise en place de clôtures).
– Les cercles 0 (foyer de prédation) et 1 (zone de prédation avérée) ouvrent le droit à l’aide à la mise en place de chiens de protection des troupeaux, des clôtures, au gardiennage (prestataires ou éleveurs) ainsi qu’à une analyse de vulnérabilité et un accompagnement technique.