Le Loup en Bretagne hier

Le loup dans l’histoire et les images qui nous en sont parvenues : connaissance et pratiques mêlées de mythes, traditions et légendes

Le loup dans l’histoire

La présence des loups en Bretagne est assez bien documentée au travers de plusieurs travaux d’histoire, d’ethnologie ou d’écologie historique.

 

Habitat

La majorité des témoignages recueillis font état de rencontres avec des loups dans des milieux ouverts, landes, champs, jardins, routes hors de forêts, bords de mer. Ce fait est confirmé grâce aux attestations de primes versées lors de la destruction de loups : les communes à forte surface en landes sont particulièrement concernées (centre Bretagne et littoral). Au XIXe siècle, les forêts n’occupaient que 5 % du territoire régional, les massifs les plus étendus ne dépassaient pas 4 000 hectares et les hommes y étaient particulièrement présents. Le grand gibier était rare et le loup ne disposait pas de hardes d’ongulés sauvages pour assurer la base de son alimentation. La prédation d’animaux domestiques est rapportée comme courante. Seules les forêts marquées par un fort relief et des fourrés importants étaient des refuges temporaires pour les loups.

Paysage des Monts d'Arrée - François de Beaulieu

Effectifs

Vers 1800, on peut estimer à 5 000 individus au minimum la population permanente de loups en France, avec des zones, comme la Normandie et l’Aquitaine, où ils sont moins abondants qu’en Bretagne. Le Finistère, où les landes et les bois favorisent sa présence, abrite de l’ordre de 200 à 300 individus.

Si on tue alors environ 5 000 loups par an en France sans venir à bout de l’espèce, c’est qu’on ne détruit que l’équivalent des naissances et en particulier les louveteaux, qui représentent 65 % des prises. Les loups âgés sont très difficiles à prendre.

Vers 1860, il n’y a plus qu’une centaine de loups, au maximum, en Finistère. On en tue alors annuellement une cinquantaine dans ce département contre cinq en Ille-et-Vilaine. En 1877, il y a 28 lieutenants de louveterie pour les cinq départements bretons ; ils déclarent avoir tué 49 adultes et 53 jeunes, dont 38 pour le seul Finistère.

Perception du loup en Bretagne

Une étude attentive de la vie quotidienne des sociétés traditionnelles, à travers le monde, qui ont été amenées à vivre au contact des loups, montre que nombre d’entre elles n’en avaient pas peur. On dispose d’éléments concordants pour montrer que, tant qu’ils ont vécu avec les loups, les Bretons ne faisaient pas exception.

Loup en captivité - Ph. Defernez

Disparition

Le défrichage des landes, qui est allé en s’amplifiant dans la seconde moitié du XIXe siècle, a délogé les loups de leur habitat le plus favorable et a renforcé leur vulnérabilité. L’emploi du poison est venu accélérer la disparition de l’espèce. Dans les Côtes-d’Armor, les dernières destructions de loups datent de 1898, mais un loup aurait été tué à Ploumanac’h en 1906. Dans le Morbihan, le dernier cas répertorié daterait de 1884, à Baud. Pour la Loire-Atlantique, on consultera avec profit l’article publié par Fabrice Normand en 2015.

 

Dans le Finistère, la dernière prime a été versée en 1891 à des habitants de Milizac. Un témoignage fiable atteste qu’un loup a été tué à Clohars-Carnoët en 1892 et le tout dernier, en 1895, à Pencran. L’un des derniers loups du Finistère, et probablement de Bretagne, n’avait que trois pattes et a été observé pour la dernière fois en 1906 dans les monts d’Arrée, du côté de Landeleau et Loqueffret. Il faut enfin évoquer le cas de ce loup tué en 1913 à Tréméven (22), mais on peut penser qu’il s’agit d’un loup venu de très loin. Le loup a donc disparu de Bretagne dans les premières années du XXe siècle.

 

Loup en captivité - Hervé Ronné
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